Faites certifier vos médias !

Article : Faites certifier vos médias !
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4 octobre 2012

Faites certifier vos médias !

                 Depuis 2010, la norme ISAS BCP 9001 peut être attribuée aux médias dont les méthodes font preuve d’éthique et de qualité. Peu connue, et nécessitant un processus long et coûteux pour être attribuée, cette certification n’a guère de succès. Pourtant, elle comporte des avantages indéniables..

Comment un média peut-il prouver que son fonctionnement est respectueux de l’éthique et de la déontologie journalistique ? Depuis deux ans, il lui est possible de se faire certifier ! En 2010, en effet, la Fondation Médias et Société a mis en place la norme ISAS BCP 9001, reconnaissant la qualité du management d’un média.

                Cette Fondation, basée en Suisse et composée de professionnels des médias, a pour but d’améliorer la qualité du journalisme dans le monde. Pour cela, elle a d’abord mis en place deux normes, l’une s’appliquant aux sites web, aux télévision et aux radios (ISAS BC 9001) ; l’autre aux organes de presse écrite (ISAS P 9001). En 2010, les deux fusionnent en une unique norme, disponible pour tout type de média : la ISAS BCP 9001.

                Les critères permettant son attribution relèvent, selon la Fondation, des « principes universellement acceptés » en matière d’éthique du journalisme : satisfaction de l’audience, qualité et diversité des programmes, indépendance éditoriale, respect des minorités, transparence du management, séparation des opinions et des informations, diversité des points de vue exprimés, etc.. Le contrôle ne porte donc par sur les contenus des articles ou des reportages, mais uniquement sur les méthodes d’administration du média et de production des contenus.

Un processus long et coûteux

               Pour obtenir la certification, les dirigeants du média doivent commencer par remplir un questionnaire, téléchargeable sur le site de la Fondation, pour comprendre où se situe leur entreprise en matière de bonnes pratiques journalistiques. Puis, à l’aide de consultants – dont la Fondation fournit une liste –, ils peuvent s’améliorer, avant de demander l’examen de certification, via la société SGS (ou IMNC, pour les médias mexicains). Si l’examen se révèle positif, la certification est valable trois ans, sous réserve de passer un audit de conformité chaque année.

                Le coût et le temps nécessaire pour effectuer l’examen changent selon la taille et la nature du média à certifier. Néanmoins, les tarifs sont plutôt élevés, et rien ne se fait rapidement : « Il faut compter au minimum 10 000€, et facilement un an. », glisse une employée de la société Ethics, qui s’occupait de l’examen de certification avant que SGS n’en soit chargé.

               Ce prix élevé explique sans doute le faible succès de la norme : seul 8 médias sont actuellement certifiés, et deux en cours de certification (chiffres disponibles sur le site de la Fondation).

Des avantages certains

               Néanmoins, les médias ayant accomplis la démarche de certification se disent heureux de l’avoir fait. La principale raison évoquée est le gain en termes de crédibilité. « Radio Chablais obtient une certification qualité et augmente son audience de 12% », expliquait ainsi un communiqué de cette radio, en 2012.

               « Ce jugement neutre et externe valorise notre groupe auprès des institutions publiques et privées. », estime Jérôme Steulet, de RJB. Pour obtenir sa certification, en 2009, cette radio suisse a mis en place plusieurs nouveautés. Des entretiens d’évaluation du personnel et des fiches d’amélioration ont vu le jour, ainsi que  des enquêtes de satisfaction auprès des auditeurs et des annonceurs. Ce qui a permis, selon Jérôme Steulet, « indirectement un impact positif » sur les programmes et la publicité.

               Au Temps, certifié depuis 2010, on insiste sur un autre point : la clarification des règles internes à la rédaction. « Le processus a été l’occasion de clarifier et de fixer par écrit certaines de nos procédures. »  explique Ignace Jeannerat, rédacteur en chef adjoint du journal de référence suisse. Auparavant, par exemple, une règle non-écrite donnait au service iconographie le dernier mot sur le choix des photographies, alors que le chef de rubrique gardait la main haute sur le contenu rédactionnel. Maintenant, c’est clair : le chef de rubrique décide, en dernier recours, du texte et des photographies l’accompagnant. « Tous les journalistes ont les mêmes pratiques, et la marche à suivre est plus claire. » , résume Ignace Jeannerat.

LCP, seul média français certifié

               Pour ce qui est de la France, LCP Assemblée nationale est le seul média à avoir obtenu l’ISAS BCP 9001, en janvier 2011. Il s’agissait, pour ses dirigeants, de comprendre si les téléspectateurs étaient satisfaits de la chaîne – ce qu’ils ne pouvaient pas faire en terme de profit, puisque LCP est publique.

               Eric Moniot, le secrétaire générale de LCP, a déclaré être très satisfait de cette démarche, déclarant que la certification a permis d’introduire une « culture de l’amélioration continue » dans la chaîne. Tout en reconnaissant que les journalistes n’avaient pas été très enthousiastes, et qu’ils avaient surtout vu dans la certification une procédure inutile limitant leur autonomie..

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