Connaissez-vous… « J-Ethinomics » ?

Article : Connaissez-vous… « J-Ethinomics » ?
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28 septembre 2012

Connaissez-vous… « J-Ethinomics » ?

Qu’est-ce que le « J-Ethinomics » ? Ce n’est pas une nouvelle marque de voiture, mais d’une théorie d’économie et d’éthique du journalisme, défendue par le Center for International Media Ethics (CIME). Cette association, qui se bat depuis 2007 pour améliorer et répandre l’éthique du journalisme désigne ainsi un modèle de journalisme utilisant les impératifs éthiques comme incitatif économique. Une théorie qui peut sembler creuse, mais qui prend tout son sens dans une approche dynamique et didactique.

« J-Ethinomics » est un mot composé des termes « journalism » (le « J »), « ethics » et « economics. » Ce concept promeut des pratiques journalistiques qui, en étant respectueuses de l’éthique, permettent aux organes de presse d’obtenir de bons résultats financiers. Le tout appartenant à la fois à l’éthique et à l’économie, puisque le terme de J-Ethinomics doit « détruire l’idée, courante, selon laquelle [ces champs] sont mutuellement exclusifs. » (selon l’article du CIME détaillant ce concept).

Le journalisme comme œuvre de civilisation

D’un point de vue théorique, l’introduction du concept de J-Ethinomics permet deux apports théoriques :

–          En considérant que les pratiques éthiques sont un facteur de réussite économique, le CIME renverse la perspective traditionnelle. Celle-ci, en effet, a plutôt tendance à considérer que les impératifs économiques peuvent conduire à négliger l’aspect éthique du journalisme. Mais, avec le J-Ethinomics, se conduire éthiquement n’est pas un inconvénient économique, mais, au contraire, un facteur de profit. Ce qui, implique aussi une forme de déconsidération de l’éthique, appréciée selon ses qualités marchandes ;

–          Dans un second temps, le J-Ethinomics dépasse le simple cadre d’un organe de presse, et devient un facteur de croissance pour l’ensemble de la société. Le CIME, en effet, adhère aux théories de l’économiste Paul Romer, selon lesquelles la circulation du savoir et la transmission des innovations les plus récentes – notamment par les médias – accélèrent la croissance. Ce que le CIME résume – de façon un peu pompeuse, il est vrai – en affirmant que : « le journalisme participe au processus de croissance et de civilisation. » (page 3 du même article)

Un concept dynamique et didactique

Ainsi formulé, le concept de J-Ethinomics semble cependant un peu creux : s’il ne désigne que l’idée selon laquelle agir éthiquement permet d’être économiquement viable, on ne comprend pas très bien ce qu’il apporte de nouveau.

« J-Ethinomics est nouveau, au sens où […] le CIME est la première organisation internationale de médias à mettre en exergue l’importance du journalisme éthique comme facteur de développement socio-économique et de croissance économique des médias. », explique Melisande Middleton, co-créatrice du CIME et auteur du concept.

Lors de sa création, en 2010, le J-Ethinomics a d’ailleurs été placé sous licence Creative Commons, dans la catégorie 3.0 : il est donc interdit de citer le concept sans préciser qui est son auteur, et d’en faire un usage commercial, même s’il est modifié ou adapté. Ce dernier point est important, car, pour le CIME, J-Ethinomics a vocation à voyager et à être utilisé dans des contextes différents : « Nous invitons l’ensemble des professionnels des médias à incorporer leurs propres conceptions éthiques dans ce concept, continue Melisande Middleton. Il n’est pas gravé dans la pierre, il faut plutôt le considérer comme cadre général pouvant être utilisé pour aider différentes stratégies éthiques. »

Et, afin que ce concept circule effectivement dans les rédactions, le CIME organise régulièrement des cours en ligne, afin d’« enseigner aux journalistes comment utiliser des principes éthiques pour améliorer la durabilité de leur entreprise de presse. » Si votre serviteur – qui y a postulé –  y est admis, il se fera un plaisir de vous en faire un petit résumé sur ce blog.

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